Nous avons encore vécu un cours extraordinaire avec Soke, ce vendredi.
Pas d’un point de vue technique pour ma part, puisque je n’ai à peu près rien compris. Il semblerait d’ailleurs que ce soit souhaitable : en effet, à un moment Soke a demandé à un shihan japonais de montrer 3 choses différentes, et a conclu que si on montrait une technique, tout le monde se focalisait sur celle-ci, essayant de la reproduire. Mais que si l’on montre trois techniques ou plus, le mental n’arrive pas à mémoriser et quelque chose peut alors potentiellement sortir de nous.
Shiraïshi sensei a rajouté une couche hier à son cours de Kasukabe, nous disant qu’essayer de reproduire une technique était une folie. Et que pour comprendre ce que fait Soke, il nous faut réapprendre à marcher, apprendre les bases qui vont nous permettre de construire notre voie vers le succès.
Ce serait un non-sens de reproduire une voie qui nous est montrée, fut-elle parfaite sur le moment, réalisée par un autre que nous, dans d’autres circonstances avec un autre partenaire. Si nous faisons cela, nous sommes dans le kata, et non dans le vivant.
En connaissant les bases (la première des bases étant de comprendre comment fonctionne notre propre corps et notre mental) nous pouvons alors nous adapter de façon vivante, construire ce qui a besoin d’être construit sur le moment.
Cela implique de déconstruire ce que nous croyons connaître… et, croyez-moi, ça fait mal après des années d’entraînement de se rendre compte qu’on ne sait même pas utiliser son propre corps. Il y a de quoi rendre humble.
Pour revenir au cours de vendredi dernier, Soke a passé la seconde partie du cours à démonter Shiraïshi sensei, le torturant avec beaucoup de joie, lui donnant des coups de genoux (dans des parties douloureuses !), pinçant ou tordant ses doigts, le faisant voler ou l’attaquant pour montrer des « contre-techniques » … et ils semblaient tellement heureux tous les deux, comme deux jeunes et fringants budoka s’amusant à se démonter joyeusement. C’était fantastique de voir ça.
Parmi les choses incroyables qui se sont produites ce soir-là, Soke nous a arrêté à un moment pour nous dire quelque chose dont je ne mesure pas complètement la portée… mais qui m’a semblé extra-ordinaire :
« Ceci n’est pas une école, je n’enseigne pas.
C’est votre intelligence que je sollicite.
Je ne vais pas vous apprendre des mauvais coups, vous en connaissez plus que moi ! »
Je le comprends comme une invitation à se dépouiller de ce qui nous encombre, Soke n’étant pas là pour nous apprendre des choses mais plutôt pour nous faire comprendre comment les enlever.
Il n’y aurait donc rien à comprendre ou à apprendre mais à devenir, ou plutôt à redevenir… soi-même ?
Tout ce que je peux vous souhaiter, c’est de venir au Japon tant que Soke continue à enseigner, pour vivre ce genre de moments et comprendre en vous ce qu’il m’est impossible de traduire en mots aujourd’hui.
Amitiés,
Damien
Merci