Stage Retour Japon 3 et 4 juin 2023

Bonjour,

Nous organisons un stage, les 3 et 4 juin 2023, pour partager avec vous les connaissances et feelings fraîchement rapportés du Japon.

Ce stage se tiendra à Mennecy, à la salle Franco, avenue de Villeroy (notre dojo habituel) :
– Samedi de 10h à 17h
– Dimanche de 10h à 15h

Tarifs : 70€ pour 2jours, ou 40€ pour une journée (les repas sont inclus)

Vous pouvez vous inscrire et régler en suivant le lien sur le flyer du stage, ou régler sur place à votre arrivée.

Au plaisir de vous rencontrer ou de retrouver sur le tatami !

Damien

Escapade à Kamakura (« photo-reportage »)

La semaine dernière, nous avons passé une journée à Kamakura, à 50km au sud-est de Tokyo, au bord de l’océan Pacifique, avec notre guide locale ジュリア.

Ancienne capitale Shogunale, c’est une destination très prisée des Tokyoites (les temples, l’océan, les restau et commerces, les temples, la nature exubérante… les temples).

Ce jour-là il y avait particulièrement du monde puisque nous étions dans la Golden-week, qui comprend 4 jours fériés. Il y avait surtout beaucoup de jeunes, dont certains en yukata, tenue traditionnelle.

Vous ai-je dit qu’il y avait des temples à Kamakura ?
Le 1er temple que nous visitons a la particularité d’abriter une bambouseraie, et de proposer pour ceux qui le souhaitent une dégustation de thé matcha.
Les bambous… source inépuisable de jolies photos (et encore j’ai résisté à en mettre plus, et vous ai fait une sélection)
Rémi et Julia, rayonnants !
Damien, votre serviteur (et photo-reporter pour la journée !)
Nous attendons notre thé, qui est préparé en battant le thé en poudre auquel on a ajouté de l’eau, avec un fouet (chasen), pour le faire mousser.
On prend le temps de contempler les couleurs, les formes, les textures, notre thé a une belle mousse bien épaisse.
Et on déguste notre thé, assis face aux bambous, profitant du calme et de la beauté du lieu, propice à la méditation, invitation à vivre intensément l’instant présent.
Une pause entre deux temples pour nourrir les carpes koï.
Le deuxième temple est plus éloigné de la ville (heureusement nous avons loué des vélos électriques…parce-que ça grimpe !) et noyé dans la verdure.
Engaku-ji est l’un des plus importants complexes de temples zen au Japon…
… on prend la mesure de son importance quand on se trouve face à l’imposante porte à deux étages !
A gauche de la grande porte, un petit pavillon, bordé de tombes anciennes…
Tient, il y a des flèches….
… nous avons la chance d’apercevoir des pratiquants de Kyudo, la voie l’arc : leur concentration est intense, chaque geste est lent et fluide, puissant et précis, chaque étape exécutée avec le même soin, le tir (Hanare : la séparation) n’étant qu’une étape parmi les autres, et le résultat… insignifiant rapporté à la recherche du geste parfait et de l’harmonie intérieure.
Chut, nous les observons de loin, pour ne pas déranger.
Nous gravissons une pente raide pour accéder à cette cloche monumentale, trésor national.
Imaginez la vibration qu’elle doit produire à travers la montagne, lorsqu’elle est frappée !
Du sommet de la colline, nous apercevons quelques maisons nichées dans la verdure.
La nature, omniprésente, luxuriante, chantante, est sublimée par l’architecture des temples… à moins que ce ne soit le contraire ?
Tout ici semble conçu pour être harmonieux, que ce soit créé de main d’homme ou de la main de Dame nature.
Nos jeunes 7ème dan et Shidoshi, en harmonie aussi avec la nature !
Nous finissons les visites par un Tonkatsu (porc pané avec sa sauce mélangée au sésame que l’on pile soi-même, accompagné d’une salade de chou fraichement coupée, de légumes marinés, de riz et d’une soupe miso): après les nourritures spirituelles, les nourritures terrestres !
Nous finissons la journée au bord de l’océan, soleil couchant derrière le mont Fuji.

Fatigués mais le cœur léger, des images plein la tête, et du soleil plein la peau… nous sommes prêts à retourner sur le tatami !

En espérant que ce partage vous donne (encore plus !) envie de venir vous entraîner avec le grands maîtres japonais et de découvrir cette culture fascinante…
Amitiés,
Damien

Autour de mutôdori

Aujourd’hui, cours de Nagato Sensei autour de Mutō Dori

On pratique plusieurs exercices qui s’enchaînent,trop rapidement pour que j’arrive à les analyser dans le détail, mais suffisamment proches dans leur esprit pour que j’arrive à en capter quelques bribes.

Le premier point qui ressort est le timing. Si, sur l’attaque d’Uke on bouge trop tôt,  il a le temps de corriger son mouvement et de nous suivre. Trop tard et on se fait toucher.

Le deuxième point, sur lequel Nagato Sensei a  insisté,  c’est la distance.
Trop loin, on perd le contact avec Uke et on lui laisse la place d’attaquer de nouveau (sauf si c’est voulu).
Trop prêt et on se trouve à une distance dangereuse où l’on a pas le temps de réagir ou l’espace pour se déplacer.
Nagato Sensei nous a encouragé à travailler sur notre évaluation et notre ressenti de la distance. »Homework »

Le dernier élément est lié aux points de contacts, qui créent la relation avec Uke et ont une infinité d’applications. Contacter le poignet de Uke pour savoir où se dirige le couteau. Bloquer la main de Uke sous notre coude pour unifier  nos deux corps et que notre déplacement devienne le sien. Une main qui passe devant son visage pour capter son attention et masquer ce qui importe réellement. Un simple toucher léger pour l’empêcher de retrouver son équilibre.

Et c’est le bon timing, la bonne distance et le bon déplacement, bien évidemment accompagnés d’une posture correcte, qui créent le contrôle de Uke et de son arme, et mènent naturellement aux points de contact.

Il n’y a plus qu’à pratiquer!

Rémi

PS : quelques articles plus anciens sur le concept Mutô dori, si vous voulez approfondir : https://ninjas91.com/2019/04/13/mutodori-avec-hatsumi-soke/ et https://ninjas91.com/2018/02/26/muto-dori-notes/

Et un nouveau Shidoshi (5e dan) dans le club, tout juste après son saki test !

Cours de Shiraishi Sensei – 29/04

Tellement simple.

De l’extérieur, le cours n’a jamais l’air tellement intense. Les gens sont détendus, ça rigole à la pause, Shiraishi Sensei nous encourage constamment, on mange des bonbons. On ne sait même pas le nom des techniques qu’on fait.
(Ah si, on a fait une variante de Kôyoku, si vous voulez voir à quoi ça ressemble demandez à Jean-Christophe.)

On marche, on déplace/tourne la colonne vertébrale, on étend les bras : on prend l’équilibre de Uke. Tellement simple.

Alors on s’y met, après tout ça n’a pas l’air bien méchant, peut-être que cette fois-ci on ne va pas trop galérer. Mais quand on s’y essaie, on remarque qu’il nous manque quelques détails, donc on se retourne vers Shiraishi Sensei avec des points d’interrogation au-dessus de la tête, et on observe un peu plus.

Tiens, les pieds bougent juste avant que Uke n’arrive. Et des fois ils se re-déplacent une fois que le contact est établi, pour ajuster la distance. Et des fois ils changent juste de direction. D’ailleurs, Shiraishi Sensei précise que le timing est important. Trop tôt ça ne passe pas, trop tard ça ne passe plus.

Ok, donc on reprend. Au fait, à quel moment les mains se posent-elles ? La relation entre le déplacement des pieds et le poser des mains est assez intrigante, à la fois coordonnée et indépendante, c’est une rythmique délicate à capter.

Parfois, les pieds se déplacent dans un axe et les mains vont aller dans un autre. Et des fois c’est le contraire.

Parfois, avant même de bouger le moindre pied, Shiraishi Sensei a déjà pris notre équilibre dès l’instant où on le saisit.

Et quand on regarde encore de plus près, le placement des mains apporte d’autres nuances. Une main posée paume en l’air dans le creux du coude de Uke va faire remonter son humérus dans son logement, et la même paume posée au même endroit orientée vers le bas va détendre tout le corps et faire plonger Uke vers le sol.

Après la pause, on a ajouté un hanbo dans l’équation. Et on a commencé par une variante d’une technique relativement classique, Kosshi Ori, sauf que là on sort « à l’envers » et on fait tomber Uke sans toucher sa hanche.

Puis Shiraishi Sensei échange ses mains, la projection Omote se transforme en blocage Ura, toujours aussi simple. (Heureusement qu’on a que 2 mains, vu le temps qu’on passe à essayer de ne pas trop les mélanger !) (D’autant plus que Uke laissse traîner la sienne au milieu, c’est perturbant.)

Et on a assaisonné la dernière technique de petits pincements tournoyants sur la face intérieure du bras (oui, là où la peau est bien sensible, oui ça picote). Mais parfois on pince juste le t-shirt, et le simple fait de tendre le tissu vers le bas « suffit » à prendre l’équilibre.

Tellement simple. Et pourtant tellement difficile.

Article écrit à 3 têtes et 2 mains dans le hall de l’hôtel, après une ventrée de sashimis pour se donner du courage.

T-shirt commémoratif fait par notre buyu Joshua, la première fois qu’il a entendu Shiraishi Sensei admettre que cela pouvait être difficile.

Japon 2023 – Cours de Shiraishi Sensei du 27/04

Article à 3 voix // Episode à 3 pétales

Rémi :

Premier cours avec Shiraishi Sensei, qui m’accueille avec un immense sourire et une poignée de main. Ses cheveux ont blanchi depuis 2019, mais sa bonne humeur et son enthousiasme sont toujours aussi présents. Les autres élèves arrivent au fur et à mesure. Nous sommes peu nombreux, et Shiraishi Sensei nous distribue, comme à son habitude, des bonbons avant de commencer.

Je commence l’entraînement avec un élève japonais, qui est d’une légèreté et d’une fluidité déconcertantes, tant dans ses déplacements que dans ses contacts. Shiraishi Sensei nous répètera pendant tout le cours qu’il nous fait travailler les bases du ninjutsu, et que c’est en travaillant ces bases que les techniques émergeront (traduction libre).

Donc, travail de posture, de déplacement et de prise d’équilibre.

Il nous fait commencer par un premier exercice de déplacement, qu’il nous avait déjà fait travailler lors de mon dernier séjour et qui m’avait paru terriblement complexe. Il me parait toujours complexe, mais pas de la même manière. Il y a 4 ans j’essayais de faire quelque chose sur Uke, et j’avais du mal à  prendre son équilibre ; aujourd’hui le défi est de maintenir ce déséquilibre en restant droit, avec moi-même, à ressentir comment bouge le corps de l’autre. Shiraishi Sensei, lui, nous répète que c’est simple. « So easy ! »

Ensuite il nous montre qu’à partir de cet exercice, une fois le déséquilibre d’Uke obtenu, on peut réaliser à peu près n’importe quelle technique. En effet, à partir de cet exercice de base, il remplace la chute de Uke par Omote Gyaku, Ura Gyaku, Musha Dori, etc… démontrant bien que ce qui importe n’est pas la technique / la forme, mais le déséquilibre. Le déséquilibre qu’il faut obtenir, maintenir, tout en restant soi-même stable et ancré.

Petite pause, on mange les bonbons distribués en début de cours, puis on ré-attaque.

Shiraishi Sensei illustre Sui no Kata, en partant de Kosei no Kamae, et nous montre diverses variations :

  • Sur l’exercice de base, il bloque avec le bras gauche et contre-attaque avec le bras droit.
  • 1ère variante : le bras gauche vient frapper Uke à la gorge, contre-attaque avec le bras droit.
  • 2e variante : le bras gauche passe devant les yeux de Uke, contre-attaque avec le bras droit.

Bref, de multiples manières d’obtenir un Uke léger et conciliant, pour le plier aisément dans un Onikudaki.

Légère perturbation du cours : Damien arrive directement de l’aéroport, après un interminable parcours du combattant ; il se met en tenue et saute sur le tatami.

On reprend l’exercice de base de début de cours pendant quelques minutes, pour ensuite clôturer cette session.

Ce que je retiens du cours, c’est le contrôle que Shiraishi Sensei exerce sur Uke en permanence. Il contrôle son équilibre, son attention, son espace. Il est là, pleinement, il marche, et Uke tombe.

Je retiens aussi son économie de mouvement : Shiraishi Sensei bouge très peu, on a plus l’impression qu’il fait bouger Uke autour de lui.

Je pourrais continuer à en parler pendant des heures, mais pour ressentir cette ambiance, ce qui se dégage de Shiraishi Sensei, le meilleur moyen reste de venir le rencontrer soi-même.


Julia :

Les amis, ça fait 24h que je me creuse la tête pour trouver quelque chose à dire sur ce cours. Non pas qu’il ne se soit rien passé, au contraire. J’ai vécu des choses. Mais mon cerveau « verbal » a du mal à le retranscrire (et pourtant, vous l’avez remarqué, j’aime bien poser des pavés). Ou alors… je n’ai rien compris. Probablement les deux.

Si je vous fais la liste des techniques qu’on a fait, ça ne sera qu’une liste d’infos creuses. Si je vous dis qu’on a fait un pas, puis un 2e pas, ça crée le déséquilibre, on fait du « foot-spine-hand »… Ca ressemble à ce qu’on fait au dojo chaque semaine et vous allez peut-être rester sur votre faim.

Shiraishi Sensei nous montre un truc, c’est tout simple et fluide. Il va lentement, faisant même des pauses, pour nous donner une chance de voir et de comprendre ce qu’il fait ; mais même quand il suspend son mouvement, ça ne donne pas la sensation qu’il s’arrête. Il n’applique aucune force, mon corps s’envole (contrairement à ma tête, mon corps semble avoir une idée de ce qu’il se passe ???).

Et ça n’a pas l’air compliqué !

J’y comprends rien.

Même les rares fois où, par un mélange d’application et de heureux hasard, j’arrive à faire tomber mon Uke en ayant à peu près suivi le même cheminement de petits pas et de touches légères, Shiraishi Sensei me regarde avec un grand sourire et 2 pouces en l’air en me félicitant… Eh bah même là, j’ai toujours l’impression d’avoir rien compris.

Il nous remontre, inlassablement.

« So simple ! You can do it ! ». Grand sourire, 2 pouces en l’air.

Et je ne comprends pas.
Sur le papier c’est la même chose, faire un pas, poser la main là, regarder de l’autre côté, lever un peu ce bras-ci. Hop. Et pourquoi c’est aussi différent, selon la personne qui le fait ? Pourquoi est-ce que, quand c’est lui, j’ai la sensation d’être soulevée par une vague immense, sans jamais le sentir comme une agression ?

A un moment il nous a évoqué, brièvement, les cours avec Hatsumi Sensei. Que lui ne montrait jamais 2 fois la même chose, et qu’il fallait donc être entièrement présent pour avoir une chance de capter… quelque chose. L’essence du geste, le détail qui peut tout changer.
Peut-être qu’il faut alors renouveler l’état d’esprit dans lequel on aborde un cours. Que le but n’est pas de tout comprendre, ou de pouvoir refaire toutes les techniques, mais de capter au moins un point qui nous parle, et de le faire vivre.

Dans cette optique-là, on admet qu’on ne « comprendra » sûrement que 5% d’un cours (et encore, les bons jours). Et que notre corps comprendra ce qu’il peut, aussi. Et des fois ces 2 champs de compréhension ne se recouvrent pas forcément, n’avancent pas au même rythme, et ça tangue un peu le temps que ça s’harmonise.

Peut-être qu’en voyant un mouvement fait par quelqu’un d’autre, nos neurones miroirs nous donnent un aperçu de ce que ça peut faire d’être cette personne-là. Et que c’est pour ça que ça nous intrigue autant, que ça nous secoue de voir quelqu’un bouger différemment.
Je crois qu’il ne faut pas chercher à attraper ce qu’on voit avec le mental, avec la structure intellectuelle. Que seul le vivant-mouvant en nous, peut nous redonner le chemin de ce mouvement vivant.

Mais en attendant, je me sens perdue, et il faut bien commencer quelque part. Donc, je commence où je peux, et essaie de laisser une ouverture pour… autre chose.

Et je me sens toujours perdue, mais les mochis aident.


Damien:

Arrivé à Kashiwa après moultes péripéties – suite à un retard de l’avion au décollage à Roissy, j’ai dû attendre à Amsterdam un autre vol de 6h, passant par Dubaï, avec une escale de 3h bien loin de l’ambiance japonaise, et enfin un vol de 9h pour Tokyo, puis trois-quart d’heure de train – après moultes péripéties donc, j’arrive enfin à Kashiwa. 

Nous sommes jeudi. J’aurais dû arriver ce matin. Il est 20h.

Il est 20h et le cours de Shiraïshi sensei a déjà commencé et se termine dans 45 minutes.

Ça fait presque 3 jours que je n’ai pas eu de réelle nuit de sommeil, l’appel de la douche est fort, et puis le cours est bientôt terminé, je devrais aller prendre ma chambre à l’hôtel… 

Mais l’envie de revoir Shiraïshi Sensei, de retrouver les amis, Julia et Rémi mais aussi japonais et américains, de retrouver le tatami de ce gymnase de quartier à Kita Kashiwa est trop forte : c’est décidé je saute dans un taxi qui m’amène au gymnase en quelques minutes ! 

Enfin le gymnase, enfin le dojo, chaussures enlevées je dépasse le cours d’aïkido et enfin… 

Shiraïshi sensei vient à ma rencontre, les yeux pétillants : « Hello, welcome ! » en me serrant la main chaleureusement.

Julia et Rémi m’accueillent de loin, par une exclamation de joie ; Joshua, le copain américain qui vit sur place (et nous donne régulièrement des nouvelles) me salue d’un geste de la main.

Le bonheur de retrouver tout le monde ! 

Je voulais demander à Shiraïshi Sensei si je pouvais regarder la fin du cours (il reste vingt minutes), mais il me prend de court : « Join us and train, free class for you tonight ». (« Joins-toi à nous, viens t’entraîner, le cours est gratuit pour toi ce soir »)

Vestiaire, tenue ninja, affaires fourrées dans le sac, valise laissée à l’entrée, je retrouve Shiraïshi qui, malgré son attelle au genou, est venu jusqu’à l’entrée pour voir si j’arrivais. 

Il m’explique en anglais : « C’est une façon de faire très simple, par le déplacement on contrôle l’équilibre, et quand l’équilibre est pris on peut faire ce qu’on veut, il n’y a pas de technique, seulement du contrôle ». 

Il tend les mains, je le saisis, il recule légèrement le pied droit, ses épaules puis ses mains, je me retrouve sur la pointe des pieds. Il avance le pied gauche, tourne ses épaules puis bouge ses mains, je me retrouve en équilibre précaire sur mes talons, il refait un pas, cette fois vers la droite, pose sa main gauche sur mon bras droit et me guide jusqu’au sol, sans que je puisse rien y faire, comme si la nature en avait décidé ainsi. 

Mon corps est fourbu, mon cerveau dans le brouillard, mais l’ukemi est simple, évident, et mon âme exulte de joie. Quel bonheur de retrouver la finesse, la légèreté du toucher de Shiraïshi Sensei…

Il rit, et me fait signe de rejoindre Rémi et Josh pour pratiquer. 

Il reviendra vers nous à plusieurs reprises, pour nous montrer des variations, expliquant que, de toute façon, si on déplace d’abord le pied, puis le rachis, puis les mains…tout devient simple, l’équilibre de uke est pris et on peut faire ce qu’on veut. 

Et on peut ensuite, si l’on veut, nommer les techniques qui découlent de ce mouvement naturel. 

Il me fera même faire les mouvements sur Rémi, en me bougeant le bassin, les épaules et les mains… et un Rémi à terre ! C’est tellement simple… et cependant si difficile. 

Difficile de faire simple…

Mais comment est-ce possible, quel est ce mystère ?

Qu’est-ce qui nous empêche de faire simple ?? 

Sont-ce nos mauvaises habitudes posturales, les tensions et marques laissées dans le corps par notre histoire, nos peurs qui s’expriment et nous poussent à tout contrôler par la force, le besoin de compenser une mauvaise image de soi, les méandres de notre mental… ?

Chacun peut y trouver ses propres réponses. 

Ce qui est génial c’est que, par la pratique, nous avons un outil fabuleux pour dépasser tout cela, ou au moins pour réussir à vivre « malgré cela » et retrouver cette simplicité, à laisser s’exprimer notre être profond. 

« Train to yourself ». 

Japon 2023 – Épisode 2

// Back to the Hombu //

Aujourd’hui, joie immense de retourner au Hombu Dojo.
Pour ceux qui connaissent : la gare a été entièrement refaite et le train arrive maintenant à l’étage, Noda se modernise.
Par contre, retrouver le souffle du Hombu Dojo, ça c’est resté intact. Comme entrer dans un temple, c’est un espace à part. Mon corps le sent et se remet dans le creuset, colonne vertébrale qui fuse.

Et l’occasion, c’était les retrouvailles avec Nagato Sensei. C’était pêchu et punchy !

Tout ce qu’il fait a l’air simple quand on le voit : son mouvement a une compacité sobre et vivante, avec des points de levier précis et inventifs, redoutablement efficaces.

On a commencé avec Uke qui saisit puis frappe ; un pas pour ajuster la distance et prendre contact, on allège le coude de Uke vers le haut (du côté qui tient) tout en abaissant gentiment le poignet de son bras qui vient d’attaquer, et on se faufile sous ce coude en arcade pour arriver à une bonne torsion de tout le bras.

Ou alors, plutôt que de passer sous ce coude, on passe le bras au-dessus pour à la fois le couvrir et aller chercher celui du côté opposé. Et après, … Ura gyaku ? Hon Gyaku ? Je n’arrive pas à me rappeler. A un moment on a travaillé ça sur une attaque au couteau, « Mûto Dori feeling » : pas vraiment attraper, juste crocheter, créer des point de contact sans figer.

Après on a enchaîné d’autres variantes, et là j’ai pas tout retenu. Mais y’avait des shutos, ça j’en suis à peu près sûre. Points de contact qui varient entre les poignets, les coudes, les épaules, le cou…
Tiens, à un moment, on engageait comme un Gyaku Nage (coude de Uke en extension sur l’épaule de Tori), et plutôt que d’envoyer vers l’avant, on pivotait vers l’extérieur à bras de Uke qui se retrouve « enroulé » autour de l’arrière du cou de Tori, à la fois en extension et en Omote.

 (NB : si j’essaie de décrire les techniques, ce n’est pas tellement pour les expliciter de manière exhaustive, mais plutôt pour me servir d’aide-mémoire quand on tentera de les refaire.
Et là je viens de passer 20min à essayer de me rappeler une des techniques qu’on a fait et impossible de remettre les pièces du puzzle dans l’ordre, argh.)

L’idée que je garde, c’est la facilité avec laquelle Nagato Sensei se retrouve avec des morceaux de Uke dans les mains : ce n’est jamais lui qui se penche ou se démène pour attraper une main ou un coude, ils semblent lui atterrir naturellement dessus, et dans la position idéale pour exploser les articulations autour. Il se déplace souvent, autour de Uke, à la bonne distance pour ne pas se faire toucher mais en étant bien placé pour riposter. Donc quand je dis distance, il ne faut pas le voir comme le nombre de centimètres entre un point A et un point B, mais comme un espace dynamique (en mouvement) qui engloberait aussi les angles morts de Uke, le timing de ses attaques, les axes donnés par son corps…

Et sur la structure du cours, je remarque que Nagato Sensei prend comme point de départ une proposition d’un des participants au cours, puis l’explore en itération. Comme un morceau de musique, on part d’une phrase, d’un motif, puis on varie une note ; puis on ajoute un coup de caisse claire, là (paf ! le shutô) ; puis on va enlever un mouvement et du coup tout le tempo est décalé d’un cran en avant ; puis on va faire presque l’inverse, en miroir…
Outre le fait de nous court-circuiter un peu le mental, on travaille à bras le corps cette notion d’adaptabilité : les techniques ne sont pas figées, elles servent à répondre à des nuances, à des situations différentes. Et en plus, on apprend et on intègre comment fonctionne le corps, les corps, quels sont les angles qu’on peut trouver/exploiter, par où on peut bouger…

Étant donné que ses techniques me semblent être une application pratique et vivante d’une grand connaissance de l’anatomie, j’ai demandé lors de la pause à Nagato Sensei si c’était un sujet qu’il avait étudié académiquement. Et j’ai appris qu’il est ostéopathe (!). Comme quoi, on a bien 2 faces d’une même pièce : apprendre où ça casse pour comprendre comment soigner, apprendre des techniques qui peuvent tuer pour comprendre comment survivre.

J’ai aussi ressenti à quel point le chemin est long. Même quand j’arrive à refaire ce qui est proposé, ça me semble tellement laborieux et « pâteux », comme un pianiste débutant qui referait une sonate uniquement avec ses 2 index. Il me manque quelques décennies de pratique pour intégrer, fluidifier, rendre ça plus sobre et plus « normal ». Je crois que ce qu’on récupère de la plupart des cours ici, ce ne sont pas les techniques en elles-mêmes ; c’est plutôt, quand on rentre à la maison et qu’on essaie de les refaire, ce questionnement lancinant qui revient : « Mais comment il avait fait pour que ce soit aussi simple ??? »

Allez, bonne recherche 🙂

PS qui n’a rien à voir : la lecture qui m’accompagne depuis mon arrivée ici, c’est le roman Les Furtifs, d’Alain Damasio. Et je trouve que ça colle parfaitement à l’ambiance et à ce que je vis du voyage. Ça parle de société ultra-connectée où chacun est tracké au moindre pas, et de créatures qui se métamorphosent sans cesse et échappent à la moindre tentative d’observation figée. Essayer d’attraper quelque chose qui est par essence constamment fluctuant, ne serait-ce pas ce qu’on vit avec notre mental quand on essaie de faire une technique ?

Japon 2023 – Épisode 1

La mise dans le bain a été rapide : avion qui atterrit à 6h, premier cours avec Shirashi Sensei à 9h. Entre les 2, l’agglomération tokyoïte à traverser avec une valise de 20kg. Heureusement, j’ai retrouvé mes marques assez vite, et j’avais au préalable contacté Joshua qui m’avait renseigné sur les horaires des cours.
Et puis surtout, joie de revenir au Japon et de retrouver la douceur de l’air ambiant qui me met du baume au cœur!
Arrivée sur le tatami à 9h15, et Shiraishi Sensei m’accueille avec un grand sourire et me colle immédiatement 3 bonbons dans la main. C’est parti.

Je crois que j’étais la seule à ne pas parler japonais, heureusement que Joshua m’a fait la traduction. Mais, même si les propos sont déjà intéressants, c’est surtout le mouvement de Shiraishi Sensei qui me fascine et me laisse bouche bée.
C’est simple. C’est naturel. C’est éclatant. Tout est coordonné, tout en étant doux et libre. Si un écart est créé, c’est pour mieux attirer l’attention de Uke et lui faire perdre (oublier ?) son équilibre.

Le 1er mouvement qu’il nous a montré est une sorte de base pour travailler Chi no Kata. Face à Uke qui ne bouge pas (NB : ça marche aussi avec un rouleau de paille si on veut refaire à la maison), on fait :

  1. J’avance un peu la main droite, en reculant le pied gauche.
  2. Mon bras droit continue à monter, je me pose dans ma jambe gauche.
  3. Changement de pied, mon pied droit vient à hauteur du pied gauche, qui tombe en avant et engage la frappe avec tout le corps et tout le bras gauche.

Et maintenant je vais essayer de rentrer dans les détails. Je n’ai pas compris l’étape 1, déjà.

Quand Shiraishi Sensei m’a montré la technique, ( = quand je m’appliquais à être un bon rouleau de paille), et qu’il était face à moi, j’ai vu qu’il faisait un angle très précis et subtil : c’est comme si tout son corps fondait, mon regard se met à zoomer automatiquement sur la main qu’il avance vers moi. Un peu comme quand on a un couteau et qu’on le dissimule derrière son bras, sauf que là, c’était tout son corps qui « disparaissait » derrière cette main qu’il m’offrait au regard.
Bref, j’ai essayé de trouver cet angle, et je n’ai pas compris comment faire.

Après il y a eu quelques variantes, par exemple : sur l’étape 2, le doigt de la main qui est vers Uke va pointer vers le bas. Ou vers la gauche. L’attention est emmenée encore un peu plus loin de là où se passe l’action véritable, à savoir les pieds. Ou du moins, ça permet de préparer tranquillement les étapes suivantes. Car jusque-là, tout va bien, j’en suis persuadée.
Et là, de nulle part, la frappe surgit. Ai-je besoin de préciser que ça envoie comme un boulet de canon, alors qu’il ne m’a pas touché ? (un cri m’a échappé, j’ai été recalée comme rouleau de paille…)

Petite pause, puis 2e mouvement. Cette fois-ci, Uke saisit Tori à 2 mains, et au moment où la saisie arrive, Tori va faire un pas en arrière (G), un pas en arrière (D), en faisant ouvrir les coudes de Uke et en l’amenant sur la pointe des pieds, puis le pied (G) s’avance vers l’appui gauche de Uke pour amener l’épaule de Tori à se poser sur celle de Uke et on enveloppe délicatement son bras. Un dernier pas en arrière, en relâchant à l’intérieur (« sink ») et on dépose ça au sol.

Le fait d’être déjà en train de marche, au moment où Uke saisit, était un des points importants. Ça contribue à ce que Uke soit en train de chercher son équilibre, ça laisse Tori en maîtrise du rythme, tranquillement : pas pour imposer son tempo, mais plutôt pour laisser cet espace de disponibilité où Uke va pouvoir venir … tomber.

Puis les variantes : on peut rentrer l’épaule un peu fort, comme si on voulait dégommer la mâchoire de Uke, t on profite de son mouvement de recul pour faire un Omote Gyaku sur son bras. Puis on peut, après avoir envoyé l’épaule, remettre un shutô avec la main droite en refaisant un pas en diagonale avant avec le pied droit.
On peut aussi profiter du fait que Uke a la tête en arrière pour switcher les bras, Tori passe son bras droit sous le ras gauche de Uke, et hop ça fait un Ganseki Nage.
Ou alors on prolonge le shutô avec un Onikudaki.

A parti d’une même graine, celle du déséquilibre de Uke, peuvent émerger toutes les techniques : elles seront l’adaptation juste à la situation unique qui se présente, aux ouvertures des corps à l’instant T et à leur interaction.

Encore une petite pause, où le petit caramel offert en début de cours fait des miracles pour me garder éveillée.

3e mouvement, avec un Uke qui attaque en Tsuki. On accueille le mouvement en reculant légèrement et en sortant côté Ura (contact des mains en 3 petites touches très légères), prolongeant le mouvement de Uke tout en l’amenant vers le bas, jusqu’à ce qu’il se retrouve avec le bras tendu quasiment entre ses propres jambes. J’ai testé pour vous : ça fait tomber les fesses en arrière, sans trop comprendre comment on en est arrivé là.

Puis une variante, même accueil du mouvement de Uke mais la main droite de Tori revient vers son visage, le déséquilibrant vers l’arrière. L’attention de Uke est encore en avant, quelque part avec son bras droit, mais Tori est déjà remonté se placer derrière l’épaule droite, parfaitement placé pour accompagner le déséquilibre.
Tout ça en marchant, tranquille, et en souriant. Du bonheur.

Des moments où il parlait, j’ai retenu 2 choses :

Si l’on s’entraîne, il faut d’abord que ce soit pour soi-même. Les autres « grandes causes » (servir son pays, protéger les siens…) se développeront naturellement à partir de ce chemin. Mais, en premier lieu, s’entraîner pour soi seul.

Devenir plus fort, c’est devenir une meilleure personne. Dans son corps, dans sa tête, dans son cœur. C‘est pour cela qu’on cherche comment améliorer graduellement, pas à pas, chacun de ces aspects. C’est la philosophie proposée par Shiraishi Sensei.

Ce dernier point fait écho à des choses que je l’avais entendu dire dans d’autres cours, les années passées : si chaque jour, à chaque entraînement, je m’applique à capter une petite amélioration, une itération pour rendre mon geste un peu meilleur… Alors le résultat au bout de quelques années sera forcément intéressant.
On ne parle pas ici des réussites éclatantes, des techniques spectaculaires, mais plutôt d’un polissage régulier et quotidien. C’est l’attention portée aux gestes élémentaires, aux choses « banales », qui fait naître avec le temps ce raffinement simple. Présent.

Depuis mon arrivée je joue avec l’idée des fractales, ces motifs qui gardent la même organisation même si on les regarde à des échelles très différentes. Un électron qui tourne autour d’un noyau d’atome, une planète qui tourne autour d’une étoile : le niveau de zoom est différent mais le pattern est similaire.
Ou dans les branches d’arbre ou les vaisseaux sanguins : des tuyaux, qui se divisent en plusieurs tuyaux, qui se divisent en plusieurs tuyaux…
Je m’amuse à penser que notre attention nous permet de zoomer sur un instant, l’étendre démesurément, le rendre aussi important qu’une journée entière. Marcel Proust a écrit des pages et des pages sur la fois où il mangé une madeleine, et ça lui a pris sûrement plus de temps d’écrire tout ça que de la manger : l’attention portée au moment l’a démultiplié, et en l’occurrence, en a fait quelque chose de tangible pour les humains qui ont suivi (et qui ont eu assez de motivation pour s’aventurer dans ces phrases qui tiennent en équilibre sur 20 lignes).

Bref : en consacrant notre attention pleine et entière sur un mouvement, sur un instant, en veillant à le vivre en pleine conscience, on lui donne la possibilité de changer toute notre façon de bouger. On le rend important. On agit sur une échelle qui nous semble très réduite, mais qui va faire écho dans toutes les structures connexes, en résonance.

Donc, faire un pas, juste, et améliorer sa vie entière.

Sur ce, je vous laisse, je vais voir si je trouve l’illumination dans mon prochain mochi.

Bisous !

Julia

Vacances de la Toussaint 2022

Bonjour,

Pendant les vacances nous maintenons les cours à Mennecy, aux horaires habituels.

Si vous voulez être informés en cas de changement, le mieux est de faire partie du groupe Whatsapp (envoyez-moi un message au 06 19 02 21 37 et je vous ajouterai).

Pour Soisy les cours reprendront le vendredi 18 novembre (le 11 étant férié).

A bientôt sur le tatami, amitiés

Damien

Rentrée 2021-2022

Bonjour,

C’est la rentrée, nous allons enfin pouvoir retrouver les tatami !
Et on croise les doigts pour que la saison soit plus continue que la précédente.

Nous ne ferons que le forum de Mennecy cette année (voir flyer ci-contre).

Attention : pour les adultes l’accès au forum est conditionné à la présentation du pass sanitaire ou test récent.

Le lieu a changé par rapport aux autres années : il se tiendra au niveau de l’Orangerie. On peut y accéder en voiture en prenant l’entrée du parc (il risque d’y avoir beaucoup de monde), ou laisser la voiture au parking du collège ou du dojo et venir à pieds.

Nous aurons un stand et, sauf changements de dernière minute, une démonstration en début d’après-midi.
Nous n’avons pas encore l’horaire précis de la démonstration. Si vous voulez avoir l’info envoyez-moi un message dans la matinée au 06 19 02 21 37 ou, encore mieux, passez la journée avec nous sur le stand 😉

Les lieux et horaires de pratique seront les mêmes que la saison dernière pour Mennecy et Soisy.
Cette année il n’y aura pas de cours à Etiolles.

Pour info : l’accès aux dojos sera conditionné à la possession du pass sanitaire ou d’un test de moins de 3 jours.

Pour ceux qui veulent découvrir notre discipline, vous pouvez venir à la démonstration samedi et/ou à l’un des cours.

Au plaisir de nous retrouver sur les tatami !
Damien

Reprise des cours

Bonjour,

À Mennecy il nous est de nouveau possible de nous entraîner, en extérieur et le matin.

Nous reprendrons donc les cours du samedi et du dimanche matin, aux horaires habituels, dans le parc de Villeroy à côté du dojo (prévoyez chaussures et tenues adaptées).

Les masques sont obligatoires pendant les entraînements.

Si vous n’êtes pas encore sur le groupe Whatsapp, pensez à vous signaler pour que je vous y ajoute (Damien 06 19 02 21 37), on y donne souvent les information de dernière minutes.

Amitiés

Damien