Carnet de voyage, par Julia
Lors de chaque séjour au Japon, nous réservons un ou deux jours « off » (sans entraînement) pour sortir un peu de Kashiwa. Cette année, nous avons choisi de retourner à Kamakura, que nous avions déjà visité l’an dernier. L’endroit nous avait laissé un souvenir absolument délicieux : c’était donc une sorte de pèlerinage, une expérience à revivre et à savourer. Car oui, Kamakura est connu pour sa multitude de temples, et en plus d’être très sensibles à l’énergie spirituelle du lieu, notre repas du midi avait été une expérience proche de l’illumination.
(j’exagère un peu pour le côté lyrique, mais pas tant que ça non plus…)
BREF, nous voilà levés de bonne heure et de bonne humeur, et dans le train en direction de la côte. Au bout d’une heure, les énormes gratte-ciels tokyoïtes laissent la place à des petites maisons basses qui recouvrent des collines, parsemées de grosses touffes d’arbres et de quelques cerisiers au bord de leur floraison. Le Shônan est la région côtière juste au Sud de Tokyo, et c’est la destination idéale pour ceux qui veulent rapidement s’évader de la grande ville.
Nous arrivons en gare de Kamakura, et nous ne sommes manifestement pas les seuls car l’endroit est bien peuplé malgré une météo humide. Les konbini devant la gare nous permettent de rassembler nos esprits (= boire un café) et de s’équiper, car le temps est passé de grisaille à pluie fine. Je fais l’acquisition d’une sorte de poncho en plastique, que je choisis de placer par-dessus mon sweat-capuche et mon sac à dos : mon surnom pour la journée est tout trouvé, je serai Kamehime-sama (la Princesse Tortue).
L’itinéraire avait été établi à l’avance et nous nous en félicitons, car nous partons à l’opposé du flux de touristes. Les gars me font confiance (optimiste de leur part, vu mon niveau de swag), je dégaine Guguru-sensei pour retrouver le petit temple que j’avais repéré, et nous nous mettons en marche à travers des petites rues anonymes.
Après quelques pâtés de maisons aux jardins charmants, nous arrivons au temple Myōhō–ji, et la magie opère. Nous entrons dans l’enceinte du temple, la nature est partout, et nous nous faisons happer par le bruit de la pluie qui tombe le long des gouttières.
Le temple n’est pas dans un jardin, le temple est le jardin. Le lieu nous amène à nous taire, à écouter, à se laisser disparaître dans la verdure environnante. Nos pas nous emmènent vers la forêt, où grimpe un magnifique escalier en pierre recouvert de mousse.
La pluie fine qui continue à tomber renforce l’atmosphère mystique de la forêt, nous avons l’impression d’être seuls au monde, et explorons avec un ravissement contenu ce bout de montagne sacré.
Nous grimpons, les différents éléments du temple sont étalés à flanc de montagne. Chacun suit son rythme et sa curiosité, notre petite compagnie s’éparpille pour profiter de ces instants hors du temps. Chaque tournant du sentier dévoile un nouveau tableau, on a envie de tout prendre en photo tellement c’est beau.
Le moment s’imprègne en nous, en même temps que l’air mouillé et les odeurs végétales. On se retrouve tous ensemble au sommet du sentier, où nous attend une belle vue dégagée sur le paysage : la petite ville qui s’étale à nos pieds, l’océan en toile de fond.
C’est beau.
On est heureux.
Allez, c’est bien beau les temples et l’élévation spirituelle, mais nos ventres gargouillent et la prochaine étape de notre périple est tout aussi importante.
Une petite marche tonique achève de nous ouvrir l’appétit, nous sommes prêts à accueillir dans nos cœurs : le Tonkatsu Divin.
Nous avions découvert ce restaurant l’année dernière, et je dois l’avouer, le souvenir de ce délice a bien pesé dans la balance quant au choix de notre destination pour notre journée en goguette. Bref, on a vérifié, c’est toujours extrêmement délicieux.
On enchaîne sur une déambulation dans la rue commerçante de Kamakura, lieu idéal pour trouver des jolis souvenirs et se faire un petit bain de foule.
Cela dit, pas trop le temps de niaiser, notre prochaine destination nous attend. On reprend le train, sur l’emblématique Enoden, une ligne de chemin de fer électrique connue des passionnés et qui longe la côte en offrant une vue imprenable (et une proximité marquée avec les bâtiments qui longent la voie).
Le train nous permet de souffler un peu…
Next stop : Enoshima !
C’est une petite île aux pentes raides, balayée par les vents du Pacifique. Nous arpentons les rues en soufflant un peu (ça grimpe !), en admirant le paysage et les petits commerces. En dehors des chemins aménagés, la nature reprend vite ses droits, à coups de falaises et d’arbres penchés sous les rafales continues.
Il faut aussi faire gaffe à son sandwich, car des faucons rôdent (!) et n’hésitent pas à faire des piqués (!) pour venir choper les casse-croûtes dans les mains des touristes inattentifs. (L’année prochaine je prévois des moufles et je prendrai un snack exprès pour me le faire voler, je veux vivre l’expérience !)
Seul grand absent de ce jour : le Mont Fuji, qu’on peut normalement apercevoir depuis l’île. Malheureusement pour nous, malgré une bonne demi-heure passée à plisser les yeux pour essayer de deviner sa silhouette, il restera caché derrière les nuages…
Nous nous consolons avec quelques temples, joliment mis en valeur par la floraison printanière. La balade nous donne l’occasion d’apprécier les premiers sakura. D’ailleurs, lors d’une pause sur un banc bien placé, nous découvrons que nous ne sommes pas les seuls à nous régaler du spectacle : une bande d’écureuils s’affaire juste au-dessus de nos têtes, et grignote consciencieusement les fleurs ! Spectacle gracieux et réjouissant, ça doit être une période de festin pour eux 😊
Maintenant que nos pieds sont suffisamment endoloris et que notre soif d’aventure est quelque peu étanchée, nous retournons vers la gare. Reste néanmoins une dernière étape sur notre circuit, bien parti pour devenir une tradition annuelle : le ramen.
Exactement ce qu’il nous faut après avoir bravé les éléments, le bouillon est délicieux et le réconfort est total. C’est encore meilleur que l’an dernier, et rendez-vous est pris auprès du chef cuisinier (ramenier ??) pour qu’il nous montre ses nouveaux progrès l’an prochain ! Nous espérons pouvoir y retourner, encore plus nombreux, avec un maximum de copains qui viendront découvrir la magie des voyages au Japon 😊