Day trip: Kamakura + Enoshima

Carnet de voyage, par Julia

Lors de chaque séjour au Japon, nous réservons un ou deux jours « off » (sans entraînement) pour sortir un peu de Kashiwa. Cette année, nous avons choisi de retourner à Kamakura, que nous avions déjà visité l’an dernier. L’endroit nous avait laissé un souvenir absolument délicieux : c’était donc une sorte de pèlerinage, une expérience à revivre et à savourer. Car oui, Kamakura est connu pour sa multitude de temples, et en plus d’être très sensibles à l’énergie spirituelle du lieu, notre repas du midi avait été une expérience proche de l’illumination.
(j’exagère un peu pour le côté lyrique, mais pas tant que ça non plus…)

BREF, nous voilà levés de bonne heure et de bonne humeur, et dans le train en direction de la côte. Au bout d’une heure, les énormes gratte-ciels tokyoïtes laissent la place à des petites maisons basses qui recouvrent des collines, parsemées de grosses touffes d’arbres et de quelques cerisiers au bord de leur floraison. Le Shônan est la région côtière juste au Sud de Tokyo, et c’est la destination idéale pour ceux qui veulent rapidement s’évader de la grande ville.

Nous arrivons en gare de Kamakura, et nous ne sommes manifestement pas les seuls car l’endroit est bien peuplé malgré une météo humide. Les konbini devant la gare nous permettent de rassembler nos esprits (= boire un café) et de s’équiper, car le temps est passé de grisaille à pluie fine. Je fais l’acquisition d’une sorte de poncho en plastique, que je choisis de placer par-dessus mon sweat-capuche et mon sac à dos : mon surnom pour la journée est tout trouvé, je serai Kamehime-sama (la Princesse Tortue).


L’itinéraire avait été établi à l’avance et nous nous en félicitons, car nous partons à l’opposé du flux de touristes. Les gars me font confiance (optimiste de leur part, vu mon niveau de swag), je dégaine Guguru-sensei pour retrouver le petit temple que j’avais repéré, et nous nous mettons en marche à travers des petites rues anonymes.

Après quelques pâtés de maisons aux jardins charmants, nous arrivons au temple Myōhō–ji, et la magie opère. Nous entrons dans l’enceinte du temple, la nature est partout, et nous nous faisons happer par le bruit de la pluie qui tombe le long des gouttières.


Le temple n’est pas dans un jardin, le temple est le jardin. Le lieu nous amène à nous taire, à écouter, à se laisser disparaître dans la verdure environnante. Nos pas nous emmènent vers la forêt, où grimpe un magnifique escalier en pierre recouvert de mousse.


La pluie fine qui continue à tomber renforce l’atmosphère mystique de la forêt, nous avons l’impression d’être seuls au monde, et explorons avec un ravissement contenu ce bout de montagne sacré.


Nous grimpons, les différents éléments du temple sont étalés à flanc de montagne. Chacun suit son rythme et sa curiosité, notre petite compagnie s’éparpille pour profiter de ces instants hors du temps. Chaque tournant du sentier dévoile un nouveau tableau, on a envie de tout prendre en photo tellement c’est beau.


Le moment s’imprègne en nous, en même temps que l’air mouillé et les odeurs végétales. On se retrouve tous ensemble au sommet du sentier, où nous attend une belle vue dégagée sur le paysage : la petite ville qui s’étale à nos pieds, l’océan en toile de fond.
C’est beau.
On est heureux.


Allez, c’est bien beau les temples et l’élévation spirituelle, mais nos ventres gargouillent et la prochaine étape de notre périple est tout aussi importante.

Une petite marche tonique achève de nous ouvrir l’appétit, nous sommes prêts à accueillir dans nos cœurs : le Tonkatsu Divin.


Nous avions découvert ce restaurant l’année dernière, et je dois l’avouer, le souvenir de ce délice a bien pesé dans la balance quant au choix de notre destination pour notre journée en goguette. Bref, on a vérifié, c’est toujours extrêmement délicieux.

On enchaîne sur une déambulation dans la rue commerçante de Kamakura, lieu idéal pour trouver des jolis souvenirs et se faire un petit bain de foule.
Cela dit, pas trop le temps de niaiser, notre prochaine destination nous attend. On reprend le train, sur l’emblématique Enoden, une ligne de chemin de fer électrique connue des passionnés et qui longe la côte en offrant une vue imprenable (et une proximité marquée avec les bâtiments qui longent la voie).





Le train nous permet de souffler un peu…

Next stop : Enoshima !


C’est une petite île aux pentes raides, balayée par les vents du Pacifique. Nous arpentons les rues en soufflant un peu (ça grimpe !), en admirant le paysage et les petits commerces. En dehors des chemins aménagés, la nature reprend vite ses droits, à coups de falaises et d’arbres penchés sous les rafales continues.


Il faut aussi faire gaffe à son sandwich, car des faucons rôdent (!) et n’hésitent pas à faire des piqués (!) pour venir choper les casse-croûtes dans les mains des touristes inattentifs. (L’année prochaine je prévois des moufles et je prendrai un snack exprès pour me le faire voler, je veux vivre l’expérience !)
Seul grand absent de ce jour : le Mont Fuji, qu’on peut normalement apercevoir depuis l’île. Malheureusement pour nous, malgré une bonne demi-heure passée à plisser les yeux pour essayer de deviner sa silhouette, il restera caché derrière les nuages…


Nous nous consolons avec quelques temples, joliment mis en valeur par la floraison printanière. La balade nous donne l’occasion d’apprécier les premiers sakura. D’ailleurs, lors d’une pause sur un banc bien placé, nous découvrons que nous ne sommes pas les seuls à nous régaler du spectacle : une bande d’écureuils s’affaire juste au-dessus de nos têtes, et grignote consciencieusement les fleurs ! Spectacle gracieux et réjouissant, ça doit être une période de festin pour eux 😊









Maintenant que nos pieds sont suffisamment endoloris et que notre soif d’aventure est quelque peu étanchée, nous retournons vers la gare. Reste néanmoins une dernière étape sur notre circuit, bien parti pour devenir une tradition annuelle : le ramen.


Exactement ce qu’il nous faut après avoir bravé les éléments, le bouillon est délicieux et le réconfort est total. C’est encore meilleur que l’an dernier, et rendez-vous est pris auprès du chef cuisinier (ramenier ??) pour qu’il nous montre ses nouveaux progrès l’an prochain ! Nous espérons pouvoir y retourner, encore plus nombreux, avec un maximum de copains qui viendront découvrir la magie des voyages au Japon 😊

Distance et posture justes

Être à la bonne distance et, plus généralement, être au bon endroit au bon moment.  

S’ajuster naturellement à notre environnement, être le plus en harmonie possible avec ce qui nous entoure, survivre et être le plus heureux possible.
Serait-ce le but du budo ? 

Pour paraphraser Nagato sensei, le budo et son but sont difficile à définir en quelques phrases.
Mais on peut au moins dire qu’il y a une méthode.

La méthode du budo, est d’abord de travailler et expérimenter sur le tatami à partir de techniques de guerre. 

On commence donc par apprendre à se positionner par rapport à uke, et le contrôler, par notre posture et notre déplacement, naturel et relaxé.
Dans le dojo de Shiraïshi sensei, l’accent est d’ailleurs mis sur la marche naturelle, qui va donner une technique faite avec le corps (taïjutsu), avec dans l’ordre : les pieds, la colonne vertébrale, les mains.
Comme l’ont rappelé les grands maîtres pratiquement à chaque cours, c’est cela qui va créer le déséquilibre, à partir duquel n’importe quelle technique peut se manifester. Dit autrement : ce n’est pas la technique qui crée le déséquilibre, mais le déséquilibre qui permet à la technique d’apparaître.

Cette étape de positionnement par rapport à uke intégrée, on se positionne par rapport à soi : avoir bonne posture, devenir l’axe autour duquel l’environnement s’organise. On entre alors dans le monde de Muto dori.
Muto dori, dont une traduction littérale approximative serait « contrôler sans sabre », était souvent défini par Soke, lors de ses cours, comme contrôler l’espace (c’est tout au moins la traduction qu’en faisaient ses interprètes).
Cela est différent d’essayer de voir, entendre, et gérer tout ce qu’il y a autour de soi, qui va disperser le mental, et a de quoi épuiser, voire rendre fou, à tout vouloir contrôler.
Je comprends « contrôler l’espace » plutôt comme un état d’être qui va faire que tout s’organise naturellement autour de soi (en faisant confiance aux kamis, diraient peut-être les shintoistes). 

Et enfin on applique notre positionnement dans notre vie : être là où l’on doit être, naturellement et sans tensions, et sans créer de tension autour de soi. C’est notre univers tout entier qui s’organise par rapport à qui nous sommes. 

Ce n’est d’ailleurs probablement pas un ordre chronologique.

Et peut-être serait-il plus juste de l’envisager comme une hélicoïde : on parcours les trois étapes, qui se nourrissent les unes les autres et on se retrouve au même point, comme si l’on avait parcouru un cercle… mais quelques degrés plus haut. 

Et l’ on refait un tour, puis un tour, puis un tour etc, inlassablement comme l’on polirait un joyau.

Alors polissons en chœur (cœur ?), et le plus joyeusement possible !

Damien

Quelques histoires à propos de Hatsumi soke

Voici quelques anecdotes racontées par divers Daï Shihan* (et qui sont maintenant les Soke de diverses écoles), à propos de Hatsumi soke.
J’ai l’espoir que, non seulement elles sauront vous divertir, mais aussi vous donner à penser.

Masaaki Hatsumi, soke du Bujinkan

Soke était autrefois un homme colérique, il s’emportait facilement (il se serait même déjà battu avec des policiers, heureusement sans grande conséquence pour lui).
Mais au fil du temps, il a appris à se maîtriser et est devenu plus tempéré.
Il dira plus tard qu’il a appris cela de ses élèves. En effet, il considérait qu’il avait autant de professeurs que d’élèves : l’avantage quand on enseigne, c’est qu’on pratique avec tout le monde, et l’on peut donc apprendre de tous.
S’entraîner avec de nombreux élèves différents est donc un bon moyen de progresser techniquement, mais aussi humainement.

Soke ne ménageait cependant pas ses élèves : à l’époque ils pratiquaient dans une salle de 2×4 tatamis avec, d’un côté une baie vitrée coulissante… et il leur faisait faire des ukemi par dessus un sabre qu’il leur envoyait dans les jambes !
A l’un de ses premiers entraînements, le Daï Shihan raconte qu’il y avait un élève, un militaire un peu “bourru”, qui venait quand son service le permettait… et la première fois qu’il l’a rencontré, cet élève lui a déboité l’épaule sur une technique ! Soke s’est approché, a un peu râlé après l’élève, et a remis l’épaule en place le plus naturellement du monde.
Une autre fois, alors que Soke faisait passer un sakki test dans ce petit dojo, l’élève ayant déjà raté 2 fois, Soke a décidé de le faire avec un vrai sabre pour que l’élève sente mieux le danger (!). Et au moment précis où il allait abattre son sabre, l’électricité a sauté et ils se sont retrouvés dans le noir !
L’interprétation du Daï Shihan est que “l’énergie de Soke était trop puissante et trop concentrée pour une si petite pièce ” (l’histoire ne dit pas si l’élève a finalement eu son 5ème dan !).

A un autre des Daï shihan qui, à l’époque, venait d’intégrer le Bujinkan, Hatsumi Soke a demandé: “ Si je te demande de mourir, le feras-tu ?”.
L’élève ne sut que répondre. Il ne voulait pas donner une réponse qui ne soit pas complètement authentique, il ne pouvait pas mentir à Soke. Il a donc juste dit  “Je ne sais pas”.
Pendant des années, il a souvent repensé à cette question.
Il y a quelques années, soit une quarantaine d’années plus tard, il a reparlé à Soke de cette conversation… et celui-ci n’en avait plus le moindre souvenir !
Ce devait être une question sur l’instant, une fulgurance oubliée aussi vite qu’elle était sortie, mais qui aura eu le mérite de faire réfléchir l’élève à propos de son engagement. Il est d’ailleurs encore là, enseignant toujours près de 50 années plus tard.
(et nous a précisé qu’il ne savait toujours pas répondre à cette question!).

Ce même Daï Shihan nous raconte que Soke est un homme très positif, mais qu’avant, il était toujours très sérieux, très occupé et stressé.
Puis il est tombé gravement malade et a mis cinq années à s’en remettre. Cela a eu de profondes conséquences sur son attitude : il a alors décidé de ne plus se stresser et d’être toujours positif.

Ce n’est pas pour autant quelqu’un de gentil : “ Seuls ceux qui ne le connaissent pas bien, disent de lui qu’il est gentil ”. Il pouvait d’ailleurs être très effrayant sur le tatami.
(Takamatsu sensei, qui était lui-même un homme sévère et effrayant, était d’ailleurs extrêmement gentil avec Hatsumi).
De ce que j’en comprends, Hatsumi sensei n’était ni « gentil » ni « méchant » (même si notre cerveau aime beaucoup ranger les choses et les gens dans des cases), je pense qu’il faisait ce qu’il estimait juste, que ça implique de trancher dans le vif, ou de rire de façon tonitruante dans le dojo après une blague grivoise !

Il ne s’agit pas de faire un culte de la personnalité – Soke n’était pas un saint, ni un ascète austère comme l’on pourrait imaginer un grand maître d’arts martiaux – mais on peut apprendre à la fois de son art et de sa vie.
Et l’on peut remercier Soke d’avoir consacré sa vie à apprendre et à intégrer les 9 écoles de guerre qui lui ont été transmises, d’en avoir tiré l’essence du budo sous le nom de “ninjutsu”, et d’avoir créé le Bujinkan.
Ce budo, par une lignée de filiation, en passant par Arnaud Cousergue et Cedric Dehlinger, est arrivé jusqu’à nous.
Il nous permet de passer des moments extraordinaires sur et hors tatami et, je le crois, de devenir de meilleurs êtres humains, plus équilibrés et plus heureux. 

Et pour cela nous pouvons être extrêmement reconnaissants.

Damien

*J’omets volontairement de préciser qui a raconté quoi, ceux qui les connaissent bien reconnaîtront peut-être les auteurs de ces histoires (que ma mémoire ne trahira pas trop j’espère).

Construire son équilibre, faire des erreurs.

Julia au clavier, pour un épisode dépourvu de références culinaires (étonnant!).

Cours au Hombu Dojo mardi matin, avec Shiraishi Sensei. Je retiens 2 points clés qui me semblent importants :

  1. Construire son équilibre

Dans l’interaction avec Uke, la seule chose dont nous soyons vraiment responsables est de construire notre propre équilibre.
A chaque pas, on construit son propre équilibre. Et à chaque pas, on augmente le déséquilibre de Uke. Le déséquilibre ne se fait pas sur un seul mouvement, grandiose et éclatant ; c’est par une succession de petites touches qui vont perturber, désorganiser la posture de Uke.
Comme mentionné précédemment, la technique commence uniquement après que l’équilibre de Uke a été pris, ce n’est pas elle qui permet de prendre l’équilibre !

A chaque pas, Tori reste dans sa posture confortable, voire même augmente son « niveau de confort » ; à l’inverse, chaque mouvement contribue au déséquilibre de Uke en le rendant de plus en plus instable et faible sur ses appuis. La chute (ou la technique) finit par arriver d’elle-même, sans qu’on cherche à l’obtenir.

NB : quand je parle d’augmenter le niveau de confort, je ne parle pas d’un confort « pantouflard » qui viserait à se détacher de la situation pour ne pas avoir à y penser. Je l’entends plutôt comme une façon de prendre soin de soi en respectant son propre espace : se placer à la distance juste pour ne pas se sentir en danger ou en opposition, avoir conscience de son niveau d’énergie ou de ses raideurs du moment… Il s’agit donc d’un confort proche de la notion d’harmonie, de non-résistance à la situation.

Soit dit en passant, c’est une notion fort intéressante à étendre à sa vie quotidienne. Après tout, plusieurs de nos grands maîtres nous indiquent que le Budô est un outil pour mener une vie heureuse.

  1. Faire des erreurs

Autre idée forte qui m’a marquée ce matin : ce n’est pas grave de faire des erreurs. C’est ok de continuer quand même. Il faut continuer quand même.
En continuant à chercher, on peut améliorer, graduellement. C’est en acceptant qu’on se trompe… qu’on peut trouver une meilleure façon de faire.

C’est une démarche que les vrais cherchants n’abandonnent jamais : les grands maîtres continuent chaque jour à polir leur art, même si pour le commun des mortels ils semblent être arrivés au sommet.

Plus j’avance dans la rédaction de cet article, et plus je me dis que se tromper c’est la clé.

Se tromper, c’est accepter que tout ne se passe pas comme on avait prévu. C’est constater que la réalité ne correspond pas au plan qu’on avait en tête (« mais pourquoi il ne tombe paaaaaas ??? »).
Se tromper, c’est s’ouvrir de nouvelles pistes d’exploration : et si au lieu de m’acharner à tirer sur ce bras, je faisais plutôt un pas de côté ?
Se tromper c’est se laisser l’espace nécessaire pour s’adapter, pour accueillir ce qui vient, intégrer dans l’instant les résistances d’un Uke pour les contourner ou aller ailleurs.
Se tromper c’est se laisser la place de la spontanéité, de la créativité, de la joie de tester et de voir ce que ça donne.

A partir du moment où on se place dans le bon axe de recherche, la seule façon qu’on ait d’avancer… c’est de se tromper. Et de continuer quand même. Puis de recommencer.
Se(Ou alors de tout réussir du premier coup, mais ça serait moins drôle ^^).
Sur le chemin de la perfection, puisque le but final est par essence inatteignable… on ne peut faire que se tromper !  Autant le faire avec une solide dose de bonne humeur !

Du coup, puisque de toute façon on est condamnés à se tromper, autant l’accepter gracieusement et ne pas s’attarder dessus. Chaque seconde passée à se fustiger et à se juger après une erreur est une seconde passée à l’arrêt, au lieu de tester une autre solution.
Bien sûr qu’un regard critique sur ce qu’on fait est essentiel, mais constater l’erreur suffit ; si l’on est capables de s’en détacher dans l’instant, on peut passer à la suite.
Se dire qu’on a raté parce qu’on est trop ci ou pas assez ça, c’est une autre façon de rester accroché à notre erreur.
Donc, on peut tout aussi bien admettre qu’on s’est trompés et passer à la suite !
(et ça laisse plus de temps et de disponibilité mentale pour profiter des bonnes choses de la vie, comme par exemple les sushis (au hasard)) (ah si finalement il y a quand même un mot sur la nourriture)

Au final, quand est-ce qu’on réussit vraiment une technique ?
Il m’est arrivé plein de fois de mettre un Uke par terre, sans pour autant avoir la certitude de « réussir ».
il m’est arrivé parfois de vivre des instants de grâce, où corps et esprit s’alignent, et le mouvement se fait facilement sans que je comprenne tout à fait pourquoi Uke valse aussi loin. Je me souviens de l’écho de cette sensation, mais je ne me souviens pas de quels mouvements je faisais au moment où c’est arrivé.
Avoir vécu un instant comme celui-là me parait infiniment plus précieux que de réussir une technique.

En conclusion, je propose le résumé suivant : construisez votre propre bonheur, et trompez-vous joyeusement en chemin !

Ou, en version originale, telle que formulée par Shiraïshi Sensei (et probablement mon mantra des 6 prochains mois) :
 » Do mistake ok, continue do. « 

09/04/24 – jour 9

Aujourd’hui mardi, trois cours sont planifiés pour cette journée avec Shiraishi, Noguchi et Tezuka sensei, un maître que Damien connaissait comme ayant été longtemps (et souvent) le uke de Soke, et qui nous a été chaudement recommandé par une consœur grenobloise.

Le maître est plus jeune que la moyenne, une quarantaine d’années et le cours commence sur les chapeaux de roues.
L’homme est dynamique, souriant, d’une célérité impressionnante, à l’instar d’acteurs de film hongkongais bien connus !
Il enchaîne plusieurs techniques et les décline en différentes versions. Il les présente sous forme de kata aériens et c’est curieux mais particulièrement intéressant de le voir dessiner dans les airs des gestes familiers qui prennent assurément une nouvelle dimension !

Il forme des mudras, des figures avec les doigts, comme dans un épisode de Naruto… et tout comme dans l’animé, les uke volent en tous sens et atterrissent parfois lourdement sur le tatami.
Avec son physique menu, il n’en a pas moins un positionnement à toute épreuve, auquel aucun adversaire ne peut résister. Rémi et d’autres pourront en témoigner également, nous avons tous cru à un moment où un autre perdre un bras, un poignet,… mais si le geste est impressionnant, le résultat est surprenant : aucune perte de membre ni aucune douleur durable !

De plus, il est très attentif à revenir dans le détail sur ce qu’il nous montre, et n’hésite pas à refaire plusieurs fois les techniques, voire à en faire un rappel global à la fin du cours, en un seul enchaînement.
Il ajoute qu’une bonne maîtrise, précise et fluide, des kihon happō suffit, en les combinant, à réaliser toutes les autres techniques.

Nous avons encore du matériel à éplucher pour tendre vers la bonne voie !
Je ne pense pas me tromper en disant que Tezuka sensei fera partie des maîtres qui seront suivis au cours des prochains séjours au Japon.

JC

Point de pivot à mi-parcours

/Julia au micro/

Samedi 6 avril : cela fait quasiment une semaine que je suis arrivée ici. Tout le monde guette l’éclosion progressive des sakura, un peu tardive cette année à cause d’un mois de mars plutôt frileux. Mon acclimatation est complète, le jetlag est résorbé, je ne me cogne presque plus aux gens dans la rue, et grâce à des efforts quotidiens j’ai un niveau de chutoro dans le sang qui commence à être satisfaisant (certaines personnes sont choquées à l’idée de manger des sushis tous les jours, sachez que ce genre de considération ne m’arrête certainement pas).

Je me lève ce matin, heureuse de notre sortie à Kamakura et Enoshima la veille (le billet narratif suivra dans un prochain épisode), mais percluse de courbatures et raideurs diverses. Je tente d’apaiser les kamis grognons qui logent dans mes mollets et mes lombaires… avec un sandwich à l’œuf, autre merveille culinaire secrète locale : deux tranches de pain de mie avec un genre d’œuf mimosa en guise de garniture, à première vue rien d’excitant mais je vous recommande de tester, ça a plus de charme que ça n’en a l’air!

Bref, sur ces entrefaites, nous arrivons au cours de Shiraishi-Sensei dans son dojo de Kita-Kashiwa. La lumière est belle, les gens sont souriants, nous retrouvons avec plaisir les visages familiers de quelques élèves, japonais et autres.

Shiraishi-Sensei commence par nous montrer sa version actuelle des Sanshin No Kata : ce sont des versions de travail, qui peuvent être pratiquées seul(e). Il nous donne des indications de déplacement, mais surtout de comment amener les frappes pour qu’elles émergent vraiment du mouvement du corps. Par exemple, sur le Sui No Kata, juste après le premier Ichimonji/Uke Nagashi, il nous fait placer la main droite sur le front ; et elle est propulsée par la rotation de la colonne vertébrale lors du pas en avant. C’est flagrant quand on le regarde : les frappes émergent du mouvement du corps, on retrouve encore notre fameux « Foot, Spine, Hand ». Dans son geste, tout est cohérent, et sans paraître fournir un grand effort, on sent qu’il développe une puissance phénoménale.

Au cours des 10 premières minutes, je réalise que… je ne sais pas faire Ichimonji (ça alors !!!). Plus précisément, je prends conscience que mon mouvement n’est pas du tout unifié : à chaque fois que je fais un pas et que je cherche à faire quelque chose de mes mains,  c’est comme si chaque étage bougeait un peu tout seul. Ça manque de cohésion, d’harmonie globale. Après des années à m’entraîner à isoler chaque segment pour affiner et contrôler mon mouvement, je constate que tout est morcelé et que cela m’empêche d’être dans le timing juste, dans le flow naturel. Et que ça me fait forcer à des endroits où ce n’est pas nécessaire.

A un certain niveau, je perçois que ce manque d’unité dans mon geste est lié à mon état mental. Ma posture morcelée se fait le reflet de tous mes tiraillements internes, de mon envie de faire, d’imposer à l’autre mon idée de ce qu’il doit se passer, de vouloir être quelqu’un ou quelque chose. Ces tiraillements éparpillent mon mouvement, mes pieds sont oubliés alors que mes mains cherchent à attraper des résultats, ma colonne ne transmet plus, et ma tête… alouette.

Le cours se déroule, j’essaie de me détendre du mieux que je peux. A la pause, je demande à Damien de me montrer la vidéo qu’il a faite du cours : en me voyant à l’écran, je fais le même constat, je vois tous les moments où mon mouvement n’est pas en harmonie et ça « crisse ». Je vois ce que ça raconte de mes dissonances intérieures. Pas forcément agréable pour l’ego sur le coup, mais ça m’aide aussi à voir dans mes angles morts. Le cours reprend, le travail continue.

Shiraishi Sensei nous montre d’autres variations autour des mêmes points clés : se déplacer, prendre l’équilibre de Uke, puis dérouler la technique une fois que tout est rendu facile, en agrémentant progressivement de quelques shutôs. Chaque mouvement est construit, avec une précision discrète, pour arriver exactement là où Uke ne l’attend pas, là où il ne peut pas opposer de résistance. Chaque mouvement prépare la suite, tout en étant dans la continuité naturelle du précédent : c’est un flot continu, et heureusement qu’il fait des pauses lors de ses explications pour nous laisser une chance de capter ce qui se passe.
Je  travaille avec Saito-san, un des élèves de Shiraishi Sensei de longue date, qui nous laisse à chaque fois pantois par son degré de relâchement et de finesse. Il m’envoie gentiment valser, ma colonne vertébrale fait des zigzags dans tous les sens. Je termine le cours fatiguée, et je me sens lourde.

L’après-midi même, je pars en vadrouille seule de mon côté pour revoir deux amies tokyoïtes que je n’avais pas pu recroiser depuis plusieurs années. La balade me donne l’occasion de profiter des fleurs de cerisiers, que ce soit ceux qui défilent à toute allure par la fenêtre du train qui trace à travers la ville, ou bien dans la petite rue anonyme avec son petit canal bordé d’arbres et peuplé de carpes (le canal, pas les arbres). Les retrouvailles avec mes deux amies me font du bien au cœur, il est des partages qui vont au-delà de la langue et des cultures.
J’enfonce le clou de cet après-midi self-care en allant à l’onsen, et en m’offrant même un long massage shiatsu, ce qui m’aide à faire la paix avec ce que je sens dans ma tête et dans mon corps. La détente amorce une certaine harmonie, je n’arrive presque plus à me souvenir de ce qui me préoccupait tant le matin même. Le soir en rentrant, mon état d’esprit est considérablement allégé !

Le lendemain dimanche, nous allons au Hombu Dojo pour le cours suivant de Shiraishi-Sensei. Quelque chose semble avoir mûri pendant ces dernières 24h, en tous cas j’entre sur le tatami avec le sourire. Effectivement, quand le cours commence, j’ai l’impression d’avoir l’esprit plus clair, plus tranquille.

Je sens, sur un pas en arrière, que mon poids vient se caler naturellement au-dessus de mon pied et que la rotation de la colonne vertébrale est équilibrée, il y a un axe. Bien sûr, on est loin de la perfection, mais… ça a la saveur d’un rayon de soleil qui perce à travers les nuages.

Le travail continue 🙂

Kuden avec Nagato du 03/04

Lors de ses cours, Nagato sensei fait, au moment de la pause, une transmission orale sous forme de questions-réponses, appelée 口伝

Kuden est composé de deux kanjis, 口 la bouche (ku) et 伝 la transmission, légende, tradition (den)

Tout le monde s’assied sur les côtés du Tatami, ceux qui le souhaitent peuvent  poser une question à laquelle Sensei répond.
Les sujets abordés peuvent être très divers mais trois questions sont ressorties aujourd’hui:


– Quelle sont les places de l’humour et du sérieux dans l’entraînement ?
La réponse de Sensei à été qu’il est important de rire. Le fait d’être trop serieux peut entraîner de la raideur et donc des risques de blessures.

Le fait de rire favorise le relâchement et permet de pratiquer de façon plus relaxée, mais il ne faut pas que ça prenne le pas sur l’entraînement. L’idéal étant l’équilibre d’une pratique studieuse et détendue.


– Peux-t-on s’entraîner avec vitesse et force ?
L’esprit de la réponse à été que la vitesse et la force étaient importantes mais que ce qui prévalait était de s’entraîner correctement, d’être juste dans sa pratique.


Cette réponse a amené la question suivante:


– Comment savoir si l’on s’entraîne bien, sachant que l’on ne capte que des bribes de ce qui est montré? Et comment, à partir de ces quelques éléments,  être sûrs que l’on avance dans la bonne direction?


L’idée de la réponse à été succinte: Keep going. Continuer à s’entraîner, sans relâche, en se basant sur que l’on voit au Japon ou sur les DVD de Soke pour être sûrs de partir d’une bonne référence.


La manière dont je comprends la réponse de Nagato sensei est qu’à force de persévérance, on grappille des pièces du puzzle et que le fait d’accumuler des pièces nous permet non seulement d’avoir une meilleure idée de l’image d’ensemble mais en plus de faire le tri entre les pièces qui sont importantes et celles qui ne le sont pas.

Si l’on devait résumer ce que j’ai retenu de cet échange, c’est qu’il faut continuer à s’entraîner, pas à pas, avec sérieux et bonne humeur !

Rémi

Entraînements – Jour 2 et 3

02/03/24 – Jour 2

Aujourd’hui, c’est mon premier cours au Japon !
Après un rapide petit déj’, en route pour le hombu dojo. Sur place, la magie opère. Je passe la porte coulissante  et Shiraishi sensei nous accueille en personne. Son éternel sourire aux lèvres, il nous tend quelques bonbons à chacun, habitude que l’on m’avait déjà rapportée.
J’écarquille les yeux, sollicité de toutes parts dans cet espace mythique. Tout accroche le regard, de vieilles photos, des estampes, de magnifiques masques de kamis, … et surtout le dojo, son tatami (bien ferme !), sa charpente en bois, et son autel avec une armure de samouraï, un portrait de Takamatsu, le maître  de Soke,… et tout un pan de mur chargé de dizaines de bokken  et des katanas, réservés à Hatsumi soke.
Il est 09h30, le cours commence officiellement dans 30mn mais Shiraishi sensei débute immédiatement son enseignement avec cette bienveillance qui lui est si caractéristique. Après quelques « techniques » mises en pratique avec Damien, le cours commence réellement. Nous sommes une petite vingtaine et nous travaillons avec d’autres élèves à tour de rôle. Je suis le seul ceinture verte et  dans un anglais approximatif, en ce qui me concerne, j’échange et me fait corriger par John, un Australien, Sven, un Suédois, puis Michael, un Américain. Celui-ci semble bien complice avec Joshua et Shiraishi sensei, et il s’amuse à simuler sur moi de bien vilains take ori notamment, mais toujours avec le sourire ! Je travaille mon relâchement mais ma prestation est bien indigne des lieux. Je suis pataud et pas bon à grand-chose.
Et puis comme un mantra de nombreuses fois entendu, surgit le légendaire  « foot-spine-hand ». Shiraishi sensei insiste particulièrement sur la douceur de nos gestes, de notre maintien, de l’absence de force. C’est tellement facile pour lui ! Je bataille avec moi-même et semble parvenir à un début de quelque chose.



La pause déjeuner arrive, nous trouvons un resto grandiose, 8 places seulement, au comptoir, autour de la cuisine ouverte. Nous déjeunons chez l’habitant ou presque. Nous voyons les préparations se faire sous nos yeux, le plateau de kara-age [prononcer kara-agué] est splendide, copieux et tout simplement délicieux pour une somme plus que modique.
Mais l’heure tourne et nous faisons retour au Honbu.

Noguchi sensei vient à notre rencontre tout sourire et nous souhaite la bienvenue. Le tatami est occupé par une cinquantaine de personnes, dont quelques ceintures rouges et vertes. Je travaille avec Julia. La promiscuité ne permet guère de nous étaler mais Noguchi sensei se « promène » sur le tatami. Il enchaîne les gestes, les sourires et les plaisanteries avec tout le monde en projetant, crochetant,… qui viendra à sa rencontre.
Les hanbo en mousse apparaissent et une nouvelle démonstration se joue sous nos yeux, le sensei simulant un vieillard face à un Uke inconscient du danger, le bâton virevolte au même rythme que sensei bloque et frappe et toujours conduit au sol l’importun. Le cours se termine, je sens mes jambes bien courbaturées et mes pieds semblent aussi avoir bien bossé. Mes deux séances du jour n’ont pas dû être si mauvaises.
Nous quittons le hombu dojo, pour un repos bien mérité au onsen.

03/04/24 – Jour 3
Entraînement à 14h30, et une première rencontre avec Nagato sensei qui, sous des air peu commode, semble d’une grande gentillesse. On s’apprête et on attaque.
Mon partenaire du jour, Rémi ! Nous enchaînons les techniques et honnêtement, regarder Nagato sensei est incroyable, il semble glisser sur le sol, il danse avec ses Uke comme un marionnettiste, c’est gracieux et d’une puissance incroyable. Je suis impressionné et son sourire et ses gestes confirment ma première impression.


Le cours passe à une vitesse folle et une nouvelle révélation se fait !  Roulement de tambour ! Il ne suffit pas de marcher, il faut aussi se tenir droit !!! Et ça marche même pas mal du tout.
Après une petite pause Nagato sensei revient sur le tatami et s’assied. Tout le monde l’imite tout autour de la pièce, alors qu’il demande si nous avons des questions à lui poser. Quelques très bonnes interventions sont faites (cette partie fera l’objet d’un article distinct traité par Rémi).
Je retiendrai de cet instant une sincérité, un humour et une vraie émotion partagés. Je suis convaincu par le maître autant que par l’homme.
Suite à cette phase de questions-réponses, il propose à l’un des interrogateurs de lui montrer, sur Damien, sa technique préférée.
Après deux démonstrations et une session collégiale, Nagato sensei reprend ladite technique à sa façon. Et c’est encore une leçon de finesse et de force hallucinante.
Le cours s’achève et pour être tout à fait honnête, mon cerveau s’échauffe et les larmes ne sont pas loin ! Ressentir ailleurs et auprès de la « source » cette même bienveillance que je ressens depuis mes tous premiers échanges avec les membres du club m’émeut énormément.
Fin du cours, photos avec Nagato sensei seul avec lui, puis tous ensemble.
C’est un moment précieux suspendu, qui me restera.

JC

Japon 2024: Arrivée, premier cours.

Ici Julia, qui prend le clavier pour un premier billet!

Après un départ samedi, j’arrive le dimanche matin à Tokyo avec un beau soleil et plein de lumière. Pas beaucoup dormi dans l’avion car les turbulences ne m’ont pas bien réussi, je suis contente de remettre les pieds sur terre. Quelques heures de sommeil qui manquent au compteur, mais qu’à cela ne tienne: en arrivant à Kashiwa j’ai pu attraper mon gi dans ma valise, et direction le Hombu Dojo ! (où, de toute façon, des gens dans mon état, ils en voient passer toutes les semaines… c’est pas mes cernes à moi qui vont faire une différence !)

Quel bonheur, mes retrouvailles avec le Hombu se font directement avec Shiraishi Sensei ! Qui, évidemment, me colle quelques bonbons dans les mains comme à son habitude, et clairement ça aide pour … [geste vague pour désigner mon état].

Je retrouve son mouvement doux. Posé. Construit. Quand on travaille en dehors de la complexité technique ou la vitesse, que reste-t-il ? … Foot, spine, hand.

Je remarque que ses omoplates sont parfaitement mobiles, que ce soit en homolatéral (quand il avance l’omoplate droite au-dessus du pied droit), ou en controlatéral (la ligne des omoplates qui twiste par rapport aux pieds). Cette liberté permet de multiplier les mouvements « bonus », qui prennent souvent la forme de shutôs en plus. Elle permet aussi (surtout ?) de faire ses déplacements sans que Uke ne puisse les voir ; et ce sont bien les déplacements qui créent cette fameuse prise d’équilibre. Donc, toujours un temps d’avance. Et des shutôs bonus.

S’en est suivi, sur la 2e partie du cours, un moment particulièrement déroutant pour mon cerveau embrumé puisque qu’on a travaillé sur des saisies en jouant beaucoup sur des déports d’attention entre les 2 mains : dans ce qui nous était proposé, Uke nous saisissait la main droite, et la première chose qu’on avait à faire, c’était de venir placer notre propre main gauche dans notre propre main droite. Ce qui peut paraitre contre-intuitif ! Mais avec ça, il y a un déplacement, qui amène toutes ces mains sur la ligne entre les appuis de Uke ; et le nœud formé permet de créer un point d’appui qui fait levier et nous permet de libérer la main saisie.

Même idée, déclinée sur une saisie à 2 mains. Shiraishi Sensei, une fois saisi, vient attraper un autre morceau : sa propre main, la ceinture de Uke, un bout de vêtement.  Avant ça il avait déjà placé ses pieds, mais Uke n’a rien vu venir. Et ses mains changent de place, dans un mouvement qui « ne compte pas vraiment* » et pourtant fait la différence.

* Vous voyez le genre de moment où une personne nous indique qu’elle est au téléphone, genre « attends 2 secondes », et que du coup on ne bouge plus un petit instant en attendant que ça se passe ? Voilà, ce genre d’angle mort mental.

En tant que Uke, je me suis retrouvée à me sentir prisonnière des 2 bras, alors que l’un des deux… était totalement libre, et c’était juste moi qui serrais le bras de Tori dans ma main. Mais j’étais persuadée d’avoir les 2 mains enserrées dans une prise.

Je vais pas vous mentir, je me sentais comme l’emoji avec la tête qui explose. J’étais assez fatiguée pour avoir l’impression de m’endormir à chaque fois que je clignais des yeux. Je n’ai quasiment rien retenu de ce cours, c’était comme si mon cerveau tournait « à vide », pas de cassette dans le magnéto, rien qui s’imprime sur la bande… donc a priori il ne me restait que le vécu de l’instant, pur moment présent. « Don’t think », qu’y disaient… Même en essayant, j’aurais pas pu !

Au milieu de ce brouillard, un point qui revient : Kuzushi, le fait de prendre l’équilibre de Uke. C’est ça le point de départ : une fois qu’on a pris l’équilibre, on peut faire la technique. Ce qui serait donc différent de : je fais une technique POUR prendre l’équilibre de Uke.

Et du coup, pourquoi on fait une technique ? Pourquoi on s’entraîne, en fait ? Qu’est-ce que je fous là, au juste ? Autant de questionnements métaphysiques qui ne font pas bon ménage avec mon manque de sommeil, et que j’ai résolus à l’aide d’une barquette de sushis joyeusement pêchée dans un supermarché voisin. Et je suis allée dormir.

Rentrée 2023-2024

Bonjour,

Nous entamons une nouvelle saison ou, devrais-je plutôt dire, nous poursuivons l’entraînement qui ne s’est pas arrêté de tout l’été, pour ceux qui étaient présents.

Les saisons nous donnent, malgré tout, quelques points de repère :

un commencement, pour les nouvelles personnes qui nous rejoignent : découvrir notre art, se familiariser avec les bases, les termes, les mouvements et la bonne ambiance du club (ça c’est généralement le plus facile!)

un recommencement pour les anciens : reprendre les bases, mais avec une saison de progression, les redécouvrir différemment puisque nous avons évolué, mûri, gagné en puissance et en sagesse.

un renouvellement de l’équipe cette année : nous avons un nouvel instructeur en la personne de Rémi qui a passé son 5ème dan au Japon en mai dernier, et une nouvelle équipe d’administration dynamique, avec un bel enthousiasme, de la rigueur, et des idées d’amélioration !

Bref nous démarrons la saison sous d’excellents hospices.

Voici quelques informations :

  • Le Forum des associations de Mennecy du 2 septembre s’est bien passé, avec une forte présence sur le stand et une journée très agréables, que ce soit le temps ou les rencontres, et une belle démonstration
  • Le Forum des associations de Soisy-sur-Seine aura lieu ce samedi 9 septembre, au gymnase des Meillotes (sur GPS vous pouvez taper Gymnase ou école des Meillottes… et ensuite suivre les gens depuis le parking).
    Nous avons une démonstration prévue à 13h.
  • Il n’y aura pas de cours ce samedi, puisque nous serons au form de Soisy
  • A partir du lundi 11 septembre nous faisons notre rentrée officielle et reprenons notre rythme de 4 cours / semaine (5 cours si l’on compte le « Cours Avancé » du dimanche réservé aux anciens)

Pour ceux et celles qui voudraient découvrir notre art, le mieux est de venir aux heures de cours pour, au choix, soit regarder, soit participer en montant sur le tatami (nous avons des assurances spéciales pour les cours d’essai, et c’est toujours mieux de vivre les choses de l’intérieur).

Au plaisir de nous rencontrer ou de nous retrouver sur le tatami !

Damien