Pour débuter cette nouvelle année, voici le dernier article de la série sur notre voyage au Japon.
Fin du Daïkomyosaï, nous repassons en coup de vent à l’hôtel pour troquer nos tenues de ninjas contre des tenues de soirée, puis prenons le train et le taxi pour nous rendre à l’hôtel où se passe la réception.
Tout le monde est réuni dans le salle de réception, verre à la main quand Hatsumi sensei fait son apparition au son d’une musique rock, sourire aux lèvres. Son discours d’ouverture est rapide : il tient en quelques mot « mangez, buvez, amusez-vous » et de conclure, comme à chaque fois qu’il a montré une technique sur le tatami « ok play ! » en riant.
La soirée nous réserve de nombreuses surprises, en particulier un groupe de musique hawaïenne qui fait son apparition. Il d’agit d’un groupe célèbre au Japon et que sensei aime beaucoup. Ce dernier semble d’ailleurs très touché, car ses élèves lui en avaient réservé la surprise. D’ailleurs après les premiers morceaux il va remettre au leader du groupe la médaille du Bujinkan, et ne s’arrête pas en si bon chemin : prenant un micro il entonne la chanson aloha oe accompagné par les musiciens, y mettant tout son coeur.
Là encore il est présent dans ce qu’il fait, devenant chanteur aussi naturellement qu’il inflige des douleurs terribles à ses uke… Le beau c’est la splendeur du vrai, nous dit Platon. Eh bien là, sensei nous a vraiment fait passer un beau moment.
Un peu plus tard, il remet ça, en duo cette fois avec Ishizuka sensei, un de ses plus anciens élèves. La complicité est palpable, il s’amusent vraiment, Hatsumi sensei fait même des blagues en chantant. Le ton est donné, les espagnol entonnent une chanson, sensei les rejoint sur scène et chante besa me mucho avec eux, puis saute de la scène à pieds joints, comme un enfant joyeux… avant d’aller souffler les bougies de ses 80 ans ! Plus tard dans la soirée il dansera aussi le flamenco, accompagné de Noguchi sensei, chacun avec sa jeune cavalière espagnole.
En fin de soirée, il nous dit encore quelques mots : « Je voudrais que vous vous souveniez de cette soirée. Au-delà des frontières, des nationalités et des religions, protégez la terre, suivez la nature… et faites des choses folles ! »… avant de repartir au son de la musique rock.
Peut-être est-ce cela kamawan (en termes familiers : “rien à foutre”) ? Non pas de la négligence, ni une vision nihiliste où l’on se moquerait de tout, mais plutôt une relation au monde qui soit vivante : suivre ce que nous indique la nature, faire ce qu’il y a à faire, sans se préoccuper de ce que pensent les autres… ni de ce que l’on pense nous-même ! Le tout avec légèreté, suivant la proposition d’Aristote de “jouer pour devenir sérieux”.
Quel enseignement ! Au-delà du tatami, au-delà même de la voie guerrière, c’est une voie de vie et de liberté que nous transmet Hatsumi sensei.
Bonne année à tous.
Damien