
S’ajuster naturellement à notre environnement, être le plus en harmonie possible avec ce qui nous entoure, survivre et être le plus heureux possible.
Serait-ce le but du budo ?
Pour paraphraser Nagato sensei, le budo et son but sont difficile à définir en quelques phrases.
Mais on peut au moins dire qu’il y a une méthode.
La méthode du budo, est d’abord de travailler et expérimenter sur le tatami à partir de techniques de guerre.
On commence donc par apprendre à se positionner par rapport à uke, et le contrôler, par notre posture et notre déplacement, naturel et relaxé.
Dans le dojo de Shiraïshi sensei, l’accent est d’ailleurs mis sur la marche naturelle, qui va donner une technique faite avec le corps (taïjutsu), avec dans l’ordre : les pieds, la colonne vertébrale, les mains.
Comme l’ont rappelé les grands maîtres pratiquement à chaque cours, c’est cela qui va créer le déséquilibre, à partir duquel n’importe quelle technique peut se manifester. Dit autrement : ce n’est pas la technique qui crée le déséquilibre, mais le déséquilibre qui permet à la technique d’apparaître.
Cette étape de positionnement par rapport à uke intégrée, on se positionne par rapport à soi : avoir bonne posture, devenir l’axe autour duquel l’environnement s’organise. On entre alors dans le monde de Muto dori.
Muto dori, dont une traduction littérale approximative serait « contrôler sans sabre », était souvent défini par Soke, lors de ses cours, comme contrôler l’espace (c’est tout au moins la traduction qu’en faisaient ses interprètes).
Cela est différent d’essayer de voir, entendre, et gérer tout ce qu’il y a autour de soi, qui va disperser le mental, et a de quoi épuiser, voire rendre fou, à tout vouloir contrôler.
Je comprends « contrôler l’espace » plutôt comme un état d’être qui va faire que tout s’organise naturellement autour de soi (en faisant confiance aux kamis, diraient peut-être les shintoistes).
Et enfin on applique notre positionnement dans notre vie : être là où l’on doit être, naturellement et sans tensions, et sans créer de tension autour de soi. C’est notre univers tout entier qui s’organise par rapport à qui nous sommes.
Ce n’est d’ailleurs probablement pas un ordre chronologique.
Et peut-être serait-il plus juste de l’envisager comme une hélicoïde : on parcours les trois étapes, qui se nourrissent les unes les autres et on se retrouve au même point, comme si l’on avait parcouru un cercle… mais quelques degrés plus haut.
Et l’ on refait un tour, puis un tour, puis un tour etc, inlassablement comme l’on polirait un joyau.
Alors polissons en chœur (cœur ?), et le plus joyeusement possible !
Damien
