02/03/24 – Jour 2
Aujourd’hui, c’est mon premier cours au Japon !
Après un rapide petit déj’, en route pour le hombu dojo. Sur place, la magie opère. Je passe la porte coulissante et Shiraishi sensei nous accueille en personne. Son éternel sourire aux lèvres, il nous tend quelques bonbons à chacun, habitude que l’on m’avait déjà rapportée.
J’écarquille les yeux, sollicité de toutes parts dans cet espace mythique. Tout accroche le regard, de vieilles photos, des estampes, de magnifiques masques de kamis, … et surtout le dojo, son tatami (bien ferme !), sa charpente en bois, et son autel avec une armure de samouraï, un portrait de Takamatsu, le maître de Soke,… et tout un pan de mur chargé de dizaines de bokken et des katanas, réservés à Hatsumi soke.
Il est 09h30, le cours commence officiellement dans 30mn mais Shiraishi sensei débute immédiatement son enseignement avec cette bienveillance qui lui est si caractéristique. Après quelques « techniques » mises en pratique avec Damien, le cours commence réellement. Nous sommes une petite vingtaine et nous travaillons avec d’autres élèves à tour de rôle. Je suis le seul ceinture verte et dans un anglais approximatif, en ce qui me concerne, j’échange et me fait corriger par John, un Australien, Sven, un Suédois, puis Michael, un Américain. Celui-ci semble bien complice avec Joshua et Shiraishi sensei, et il s’amuse à simuler sur moi de bien vilains take ori notamment, mais toujours avec le sourire ! Je travaille mon relâchement mais ma prestation est bien indigne des lieux. Je suis pataud et pas bon à grand-chose.
Et puis comme un mantra de nombreuses fois entendu, surgit le légendaire « foot-spine-hand ». Shiraishi sensei insiste particulièrement sur la douceur de nos gestes, de notre maintien, de l’absence de force. C’est tellement facile pour lui ! Je bataille avec moi-même et semble parvenir à un début de quelque chose.
La pause déjeuner arrive, nous trouvons un resto grandiose, 8 places seulement, au comptoir, autour de la cuisine ouverte. Nous déjeunons chez l’habitant ou presque. Nous voyons les préparations se faire sous nos yeux, le plateau de kara-age [prononcer kara-agué] est splendide, copieux et tout simplement délicieux pour une somme plus que modique.
Mais l’heure tourne et nous faisons retour au Honbu.
Noguchi sensei vient à notre rencontre tout sourire et nous souhaite la bienvenue. Le tatami est occupé par une cinquantaine de personnes, dont quelques ceintures rouges et vertes. Je travaille avec Julia. La promiscuité ne permet guère de nous étaler mais Noguchi sensei se « promène » sur le tatami. Il enchaîne les gestes, les sourires et les plaisanteries avec tout le monde en projetant, crochetant,… qui viendra à sa rencontre.
Les hanbo en mousse apparaissent et une nouvelle démonstration se joue sous nos yeux, le sensei simulant un vieillard face à un Uke inconscient du danger, le bâton virevolte au même rythme que sensei bloque et frappe et toujours conduit au sol l’importun. Le cours se termine, je sens mes jambes bien courbaturées et mes pieds semblent aussi avoir bien bossé. Mes deux séances du jour n’ont pas dû être si mauvaises.
Nous quittons le hombu dojo, pour un repos bien mérité au onsen.

03/04/24 – Jour 3
Entraînement à 14h30, et une première rencontre avec Nagato sensei qui, sous des air peu commode, semble d’une grande gentillesse. On s’apprête et on attaque.
Mon partenaire du jour, Rémi ! Nous enchaînons les techniques et honnêtement, regarder Nagato sensei est incroyable, il semble glisser sur le sol, il danse avec ses Uke comme un marionnettiste, c’est gracieux et d’une puissance incroyable. Je suis impressionné et son sourire et ses gestes confirment ma première impression.
Le cours passe à une vitesse folle et une nouvelle révélation se fait ! Roulement de tambour ! Il ne suffit pas de marcher, il faut aussi se tenir droit !!! Et ça marche même pas mal du tout.
Après une petite pause Nagato sensei revient sur le tatami et s’assied. Tout le monde l’imite tout autour de la pièce, alors qu’il demande si nous avons des questions à lui poser. Quelques très bonnes interventions sont faites (cette partie fera l’objet d’un article distinct traité par Rémi).
Je retiendrai de cet instant une sincérité, un humour et une vraie émotion partagés. Je suis convaincu par le maître autant que par l’homme.
Suite à cette phase de questions-réponses, il propose à l’un des interrogateurs de lui montrer, sur Damien, sa technique préférée.
Après deux démonstrations et une session collégiale, Nagato sensei reprend ladite technique à sa façon. Et c’est encore une leçon de finesse et de force hallucinante.
Le cours s’achève et pour être tout à fait honnête, mon cerveau s’échauffe et les larmes ne sont pas loin ! Ressentir ailleurs et auprès de la « source » cette même bienveillance que je ressens depuis mes tous premiers échanges avec les membres du club m’émeut énormément.
Fin du cours, photos avec Nagato sensei seul avec lui, puis tous ensemble.
C’est un moment précieux suspendu, qui me restera.

JC